mardi 8 novembre 2016

Atelier philo, atelier Boimare, mise en pensée



Voici la présentation d'une parenthèse (inattendue?) organisée avec ma classe. C'est un peu mon moment préféré de la semaine. Il est vrai que je n'ai qu'un demi-groupe à ce moment là, mais c'est aussi le lieu d'échanges particulièrement intéressants où l'on sent souvent les élèves très impliqués et passionnés. C'est aussi le lieu de changer le regard que l'on porte sur eux car on y propose un cadre un peu différent. Certains élèves décrocheurs ou en retrait peuvent s'approprier pleinement ces moments car il leur correspond pleinement.

Ci-joint quelques fiches séances pour organiser des ateliers de mise en pensée (type atelier de Serge Boismare) ainsi qu'un document de présentation des ateliers "philo" par l'AGSAS.



Atelier de mise en pensée



Atelier "philo" de réflexion
Je pourrais faire un constat sur le profil des élèves de ma classe, des élèves de mon école. Mais à vrai dire, cet atelier est profitable dans toute situation. Donc nul besoin de justifier la mise en place de cet atelier. Cette parenthèse dans la semaine peut aussi s'appeler "atelier philo", "atelier de parole" ... C'est un temps de 45 minutes durant lequel une enseignante du RASED (la maîtresse G) prend la moitié des élèves de ma classe. Pendant ce temps, j'organise un autre atelier de mise en pensée avec l'autre groupe. Cet atelier est décrit juste après.

Vous me direz, tout le monde n'a pas la chance de profiter d'une intervention du RASED dans son école. Il n'empêche que ce travail mérite d'être étudié et, qui sait, un jour, d'une manière ou d'une autre, il pourra être organisé avec un collègue, ... L'organisation reste à être trouvée. 

Organisation 

  • demi-groupe (jusqu'à 15 élèves) pour permettre à chacun de se saisir de la parole.
  • sur 12 à 15 séances : le procédé peut mettre du temps à être adopté, accepté par les élèves. Si le déroulement peut être intéressant dès les premières séances, il est pleinement effectif au bout de 9 ou 10 séances. Certains élèves peuvent être déstabilisé au premier abord. Ils peuvent mettre du temps avant d'accepter de se lancer pleinement dans le travail. 15 séances pour 2 groupes remplit alors toute l'année si l'on considère qu'il faut aussi quelques semaines de préparation et de bilan.
  • Positionnement en cercle : tout le monde se fait face (déstabilisant), tout le monde s'écoute et parle à l'ensemble de son groupe. L'enseignant n'est pas au centre du groupe. Il fait partie du cercle.
  • Bâton de parole : on ne peut parler que quand on a le bâton de parole. Cela oblige à différer son intervention si on a une envie urgente d'intervenir. Cela force à intérioriser sa pensée (c'est bien cela que l'on cherche !!!). La réflexion va faire mûrir son intervention. Peut-être même que la réaction que l'on voulait avoir immédiatement va finalement disparaitre après réflexion. D'ailleurs, si on ne souhaite pas intervenir, on ne dit rien et on fait passer le bâton au camarade.
  • Observateur : l'enseignant, en milieu et en fin de parcours, vient assister à la séance en simple observateur. Le regard sur certains élèves peut parfois évoluer ...


Attendus 

Je ne m'étendrai pas longuement sur le sujet car je ne suis pas l'enseignant de ce moment. Les élèves y interviennent en tant qu'enfant du monde. Ils enlèvent le costume d'élève pour prendre celui d'enfant. C'est dans ce contexte qu'ils sont entendus, sans jugement. Les sujets peuvent venir d'eux, grâce à une boite à idées, s'ils concernent des sujets qui concernent leur vie d'enfant. Cela peut d'abord être la notion d'enfant du monde, mais aussi la vérité, grandir, l'amour, la peur, ...

Ces moments sont très enrichissants pour moi qui ne suit pas ce groupe. En recoupant avec les ateliers de mise en pensée que j'organise, le regard que l'on porte sur certains élèves peut considérablement évoluer. Par leur intervention ou leur non intervention, leur intérêt ou leur malaise, on en apprend un peu plus dans la manière de réfléchir et de se comporter des élèves. 

Ces temps qui, dans leur organisation, peuvent apparaître moins "scolaires", sont justement des moments qui correspondent davantage à des élèves qui semblaient avoir décroché. C'est juste que les règles, les contraintes ne sont pas les mêmes. Certains élèves s'y sentent plus à l'aise et sont souvent moteur des séances. Ils se montrent à leur avantage alors que ce n'était pas forcément le cas auparavant. 

Au moment de l'élaboration de ces phases, je pensais que ce créneau pouvait être un peu en décalage avec ce que l'on pouvait nous demander en terme d'enseignement. Je me rends compte maintenant qu'il rentre parfaitement en adéquation avec les nouveaux programmes. Si l'on insiste sur la fin de l'encyclopédisme dans l'enseignement, on nous demande de faire de nos élèves des êtres pensants. C'est exactement ce que visent ces ateliers.

Voici donc, ci-après, le deuxième atelier que je mène avec mon demi-groupe :




Atelier BOIMARE


Ce travail a été lancé par S.BOIMARE, psychopédagogue, en premier lieu pour des élèves « empêchés de penser ». Bien souvent, ces élèves ont envie de réussir mais ont des difficultés pour apprendre. Serge Boismare évalue à 1 élève sur 6 le nombre de ces élèves.

L’origine de ce refus de penser peut trouver son origine en plusieurs points comme l’incapacité de mettre en image dans sa tête. Fréquemment, ces élèves sont dans l’immédiateté. Il est très difficile pour eux de se retrouver seul face à une réflexion interne nécessaire à l’apprentissage. Le respect d’un cadre, de règles est également très compliqué.

Le travail sur des textes fondamentaux (contes, mythologie, textes chevaleresques, textes fondateurs de civilisation …) permet à l’élève de s’engager plus facilement dans la tâche de réflexion.  Non seulement ces textes peuvent passionner, mais ils donnent en plus un cadre spatio-temporel suffisamment éloigné de celui des élèves qu’ils ne sont pas parasités par des considérations personnelles.

Ces récits sont également des textes fondateurs de notre société. Ils questionnent les relations entre les hommes, et suggèrent des règles que nous sommes amenés à respecter.

Si ce travail peut se faire en petit groupe de remédiation (APC…), il va être également très intéressant pour l’ensemble de la classe, y compris pour les élèves qui ne présentent pas les difficultés énoncées plus haut. 





Constat

Ce travail passionne les élèves. Si ce n’est pas l’objectif de l’atelier, c’est en revanche un élément important de la réussite du travail. 

Les élèves qui, habituellement, peuvent être vus comme « perturbateurs » de classe s’investissent beaucoup dans cet atelier (ça tombe bien ce sont les élèves « VIP » pour ces apprentissages). Habituellement éloignés (ou en décalage) de la tâche scolaire, ils se montrent souvent moteur de ces moments. Le cadre proposé leur facilite la réflexion et ils y trouvent le moyen tant attendu de s’investir. 

Organisation

Groupe : 
Demi-classe maximum afin de permettre la mise en place d’échanges dans lequel chaque élève peut s’inscrire. Si l’atelier est mené uniquement à destination d’élèves ciblés : groupe de 3 à 5 élèves.

Organisation de l’espace :
Se positionner en cercle, de manière à ce que tout le monde puisse voir tout le monde. Organiser un espace où les échanges élèves-élèves sont favorisés. Le PE n’est pas le point de convergence de tous les regards ni le seul destinataire des interventions. 

Organisation de chaque séance : 

  • 5 minutes de recadrage : de l’organisation mais aussi du récit. Que s’est-il déjà passé ?
  • 20 minutes de lecture magistrale : cela ôte la tâche de lecture à l’élève pour se concentrer sur la mise en image (éviter généralement de montrer les illustrations, sauf pour lancer la mise en pensée s’il y a un gros blocage).
  • 15 minutes d’échanges.
  • 15 minutes pour retranscrire par le dessin ou l’écriture la pensée construite à l’orale.
Pour les échanges, Serge Boimare pouvait laisser une circulation libre de la parole. Mais cela s'y prête avec des petits groupes (3 à 6 personnes), surtout avec des collégiens. Dans une situation de demi-classe (entre 10 et 15 personnes) en élémentaire, tous les élèves n'arrivent pas à se saisir de la parole de façon spontanée, à rebondir librement sur ce qui a été dit, même si on leur propose ce format. Le nombre important d'élèves les amène à lever la main. En se positionnant en cercle, le bâton de parole qui circule de main en main (en suivant le chemin défini par le cercle) fonctionne bien. Les élèves ne sont cependant pas obligés de s'exprimer. 

Le PE, pour le premier tour du bâton de parole, demande aux élèves de reformuler avec leurs mots ce qu'ils ont compris de la lecture du (ou des) chapitre(s) lu(s). Ce travail est très important et habitue les élèves à développer cette compétence importante en lecture pour la compréhension des textes. Quand le bâton revient au PE, il reformule la compréhension des élèves, effectue éventuellement quelques réajustements, puis enchaine sur un questionnement posé par le texte. "A la place d'Hermès (ou de tel autre personnage) auriez-tu fais cela vous aussi ?" Le bâton repart alors pour un petit tour, voire deux, car ce que vont exprimer certains élèves pourra donner des idées ou poser des mots qui aideront des élèves qui pouvaient être bloqués.
Rôle du PE : 
      • Lancement du thème de l’échange, reformulation.
      • Recadrer, faire circuler la parole vers des élèves ciblés si l'on est pas en situation de passage d'un bâton de parole de façon circulaire.
      • Prise de note durant les échanges en notant qui a dit quoi.
      • Résumer la pensée collective en cours d’échange pour faire un point avant de relancer la discussion, puis en fin de discussion.
      Laisser le livre à disposition des élèves après avoir fini le travail sur ce support. 
      Mise à disposition dans le rallye lecture, dans la bibliothèque de classe. Les élèves aiment lire et relire les mêmes histoires. De plus, maintenant que la mise en image a bien été travaillée, la lecture est facilitée pour les élèves en difficulté dans ce domaine.











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