vendredi 27 août 2021

Histoires collaboratives


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L'histoire collaborative est un exercice vraiment motivant en écriture. Il amuse les élèves autant qu'il propose des situations d'apprentissage riches. Il s'agit d'écrire à plusieurs, mais chacun son tour, une histoire. 

Le pdf proposé est une présentation sommaire des étapes à réaliser pour ce travail. Plusieurs modalités sont possibles. Le document vous propose donc une trame générale et commune à la plupart de ces modalités.

Le fait qu'un élève ou un groupe d'élèves n'ait pas la main sur la suite de l'histoire crée une surprise, une certaine tension, et oblige chacun à reconsidérer le fil de l'histoire à chaque fois que celle-ci lui arrive sous les yeux. Au moment où un élève transmet sa production, il s'est fait une idée des évènements qui vont pouvoir suivre. Seulement, l'élève qui la reçoit n'a pas forcément le même film en tête et vient chambouler tout le scénario de son camarade. Celui-ci doit alors recomposer une nouvelle suite en tenant compte de ce que l'autre a pu apporter. C'est donc un travail qui nécessite beaucoup de créativité mais également qui oblige les élèves à tenir compte de ce qui a été écrit avant.

Plusieurs modalités sont possibles pour ce travail. Selon l'organisation choisie, les apprentissages effectués vont varier. Plusieurs de ces modalités peuvent cependant s'enchainer durant l'année. En voici une rapide présentation :


1. Avec une correspondance numérique entre deux classes :

Je commence par celle-ci car c'est par ce moyen que j'ai pu commencer ce travail. Cela nécessite l'utilisation d'un support commun avec les correspondants. Cela peut être par mail, avec un compte twitter ou un padlet partagé par exemple. C'est par Twitter que j'ai pu commencer ce travail. Nous avons donc appelé ça "les twistoires".

Modalité : groupe classe

Déroulement : 

  • Une classe a la lourde tâche de débuter l'histoire. Il va donc falloir choisir un thème. Les élèves vont pouvoir débattre, argumenter, voter. 
  • L'heure sera ensuite venue de produire le début de l'histoire. 
  • La seconde classe reçoit le tweet/mail et doit alors bien comprendre la situation dans laquelle se trouvent les protagonistes de l'histoire afin de proposer une suite cohérente. La suite étant validée, elle est envoyée à la classe #1, et ainsi de suite jusqu'à la fin de l'histoire.
  • S'en suivra alors un travail de relecture, de correction et la recherche de titre, voire d'illustration et d'impression de l'oeuvre.

Production de chaque partie : 

  • Un des points essentiels est donc la cohérence de ce que l'élève propose au regard des éléments déjà produits. Une fois que la production de l'autre classe est bien comprise, chaque élève produit une suite de quatre à cinq lignes maximum. 
  • Les propositions sont lues.
  • Le groupe classe sera en mesure d'éliminer les propositions qui ne sont pas cohérentes. Un choix devra être fait parmi toutes les propositions, les bonnes idées peuvent être associées quand c'est possible.
  • Une première ébauche est écrite au tableau avec la trame choisie par les élèves. Il convient alors de formuler correctement ce court texte en veillant à la bonne syntaxe, la conjugaison, et le vocabulaire employé.

Avantages :

  • Format très motivant car produit avec une classe et des élèves qu'on ne voit pas. On ne peut pas discuter des choix effectués par l'autre groupe. On ne peut que les recevoir et en tenir compte pour la suite.
  • Avec Twitter, nous sommes limités par le nombre de caractères. Cette contrainte oblige parfois à reformuler ce que nous avons produit en une version contenant moins de caractères. Ça oblige à réfléchir à son vocabulaire et à ses tournures de phrase.
  • Débats et corrections entre pairs. Chaque élève peut profiter des apports de ses camarades. Les retours sur les productions sont nombreux.
  • L'enseignant peut réguler chaque étape de la production et y insérer au fur et à mesure des notions qu'il a travaillées en classe.
  • On peut faire réaliser une suite par un petit groupe d'élèves en APC pour que ceux qui participent un peu moins en groupe classe puisse s'investir davantage.

Inconvénients :

  • Projet qui prend du temps dans la semaine et même dans la période. 
  • Il est facile de tomber dans un travail où les plus à l'aise en écriture accaparent les productions, ce qui ne veut pas dire que cela ne profite pas aux plus faibles. Mais il faut veiller à ce que chacun puisse produire. Certaines productions peuvent se faire sur le cahier de brouillon, d'autres peuvent se faire sur le cahier d'écrivain et bénéficier d'un retour plus individualisé.



2. A l'oral

Cette modalité est pratique pour se lancer dans l'écriture en tout début d'année ou avec des élèves qui sont bloqués lors des séances d'écriture. L'enseignant débute l'histoire et s'interrompt rapidement avant la fin de sa dernière phrase. 

Déroulement : 

  • Positionné en cercle, l'élève à côté de l'enseignant termine la phrase et ajoute éventuellement un ou deux éléments. L'enseignant le coupe si la production est trop longue. 
  • La difficulté est de bien écouter chaque élève jusqu'au dernier afin de bien comprendre l'histoire en train de se construire. Certains élèves vont commencer à anticiper la suite de l'histoire alors que tous les élèves avant lui n'ont pas proposé leur passage. S'il n'a pas fait évoluer sa "production interne" avec les derniers éléments, il est possible que ce ne soit pas parfaitement cohérent. Ses camarades ne manqueront pas de lui faire remarquer (ce qui est formateur pour chacun).
  • Quand la parole revient à l'enseignant, il peut ramener un peu de cohérence à l'histoire produite par les élèves avant de lui donner éventuellement un nouvel élan.

Avantages : Très pratique pour une première entrée dans l'écrit. On peut commencer à faire remarquer qu'il est nécessaire d'utiliser le langage écrit dans nos prises de parole, langage qui n'est pas le même que celui de l'oral. On écrit un texte à voix haute.

Inconvénient : Qualité de la production. On peut arriver à une association de plusieurs idées sans qu'il y ait forcément d'excellentes liaisons entre les interventions.



3. Productions collectives en classe

En groupe classe :

Cette situation va ressembler à celle présentée avec les correspondances numériques (Twistoire) excepté que nous n'avons pas l'effet de surprise d'un passage reçu par une autre classe. Cette nouvelle modalité change beaucoup de choses car les élèves ont participé à la création du passage précédent (ou du moins ils ont entendu sa création), ce qui rend le travail de compréhension du dernier extrait beaucoup plus aisé.

Il n'empêche que chaque élève peut influencer sur la suite de l'histoire. Les étapes de l'élaboration sont similaires : 

  1. création individuelle d'une suite de 3 à 5 lignes, 
  2. vérification de la cohérence avec les éléments précédents, 
  3. choix collectif de la suite à donner, 
  4. reformulation/amélioration du texte.

Avantages : classe autonome pour la réalisation de ce travail, calendrier de réalisation plus libre.

Inconvénients : moins d'effet de surprise, de découverte du nouvel extrait, et donc travail sur la compréhension réduit.


En ateliers dirigé ou en APC : 

Cet exercice peut également être fait en ateliers avec des groupes de 3 à 6 élèves. C'est le moyen de recréer la découverte des passages antérieurs et de retravailler sur la compréhension de ce qui a déjà été écrit. De plus, l'organisation en petit groupe permet à chaque élève d'être davantage impliqué.

La présence du maitre est important sur cet atelier car il va pouvoir contrôler le respect des étapes de la création, et aider les élèves à intégrer des notions vues en classe. C'est pourquoi ce travail a également toute sa place pour les APC. 

Support : pour ce travail, je privilégie l'utilisation d'un padlet de classe sous forme de "toile" où l'on peut créer les petits encadrés où se trouveront nos extraits et les relier les uns aux autres. La présentation sur un tableau numérique est alors idéale pour notre travail. De plus, une fois que cet outil est bien maitrisé par la classe et les paramètres de sécurité bien activés pour les rendre appropriés à une utilisation à l'école, les élèves peuvent créer leur histoire collaborative sans la direction de l'enseignant.

Avantages : maintien de l'effet découverte et du travail sur la compréhension des extraits précédents. Accompagnement plus individualisé des élèves.

Inconvénient : le nombre de groupes participant à la création de l'histoire diminue le nombre d'intervention pour chaque groupe.


Exemple avec padlet



4. Productions individuelles en atelier

Cette modalité est idéale quand on a pu déjà expérimenter ce travail avec la direction de l'enseignant. Mais on peut aussi imaginer que les élèves soient confrontés directement à cet exercice afin de relever par la suite les problèmes qu'ils ont rencontrés avec certains extraits. Le retour d'expérience en groupe classe permet alors de relever les besoins de ce type d'exercice.

Déroulement : 

  • Un groupe de 4 à 6 élèves est positionné en cercle autour de tables. 
  • Deux feuilles sont préparées pour la création de deux histoires en simultané.
  • Sur chaque feuille de classeur A4, on trace des traits horizontaux de séparation : on laisse deux lignes pour le choix du titre en fin de production, puis quatre lignes pour laisser une place limitée à chaque extrait. Chaque élève écrira son prénom dans la marge pour indiquer quels sont les extraits qu'il a produit.
  • Deux élèves (ceux qui ont reçu les feuilles) produisent individuellement le premier extrait de l'histoire pendant que les camarades patientent puis le font passer à leur camarade de gauche. On fait alors tourner les feuilles jusqu'à que l'histoire soit terminée (temps d'un roulement d'atelier). L'élève recevant la feuille une fois que l'histoire est terminée doit trouver le titre.
  • Ces histoires collaboratives sont ensuite lues par l'enseignant à la fin de la séance ou en fin de journée.

Avantages : L'histoire finale est visible à la fin de la séance. Tout le monde participe activement et plusieurs fois sur une même séance.

Inconvénients : L'enseignant ne contrôle pas le respect des étapes de production d'un extrait (compréhension, respect de la cohérence, amélioration de la production). L'extrait que produisent les élèves est un premier jet qui ne respecte pas toujours la cohérence textuelle et qui peut mettre en difficulté les élèves suivants. Certains élèves ont une mauvaise graphie et orthographe ce qui rend la lecture difficile pour les camarades.



Evolution de ce travail ...

Avec l'utilisation d'un padlet, on peut faire évoluer cet exercice pour travailler de nouvelles notions. J'utilise cet outil quand je travaille sur la fin des histoires. Le padlet permet de relier chaque extrait les uns aux autres. On peut alors aisément créer une histoire à fins multiples en reliant les différentes fins produites par les élèves au reste du corpus.



Pour aller encore plus loin, il est donc possible de créer une histoire qui évolue de façon différente dès le corps de l'histoire où le héros prendrait des choix différents, ce qui ferait évoluer l'histoire de plusieurs manières. L'utilisation d'un padlet "toile" permet de présenter ce travail idéalement.


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